Les Recettes VOD

Lorsque, tranquillement installé devant votre ordinateur ou votre téléviseur connecté, vous achetez ou louez un film, vous participez à l’exploitation VOD de ce film. VOD vient de l’anglais « Video On Demand », dont l’équivalent en français est la VàD (Vidéo à la Demande). La VOD recouvre à la fois :

  • La location (« DTR » pour « Download to Rent »), le film pouvant alors être visionné une seule fois sur une période réduite,
  • L’achat (« EST » pour « Electronic Sell Through »). Le fichier du film est alors téléchargé sur votre hardware et peut être visionné à volonté.

Plus précisément, on entend par VOD toute mise à disposition ou diffusion non linéaire d’un film contre un paiement déterminé à l’acte pour la location (DTR) ou la vente (EST), par tout mode de transmission (Internet, TV par ADSL, câble, satellite, ondes hertiziennes), et par tout procédé technique (téléchargement temporaire, téléchargement définitif, streaming) présent ou à venir, connu ou inconnu.

Attention à ne pas confondre la VOD, la SVOD et la AVOD. Si ces trois modes d’exploitation sont très proches d’un point de vue technique, ils diffèrent par le modèle économique :

  • La SVOD (« Subscription Video On Demand ») donne accès au catalogue vidéo d’une plateforme en contrepartie d’un abonnement usuellement mensuel ou annuel, , comme c’est le cas avec Netflix, Amazon Prime, Disney+ ou Mubi.
  • La AVOD pour « Advertisement VOD » propose le visionnage de films gratuitement pour le client, mais en obligeant le visionnage de publicités.
  • Avec la VOD à l’acte, qui est l’objet du présent article, le client paye pour chaque film visionné.

Comment sont réparties les recettes VOD ?

Le Prix Public

 

L’assiette totale de recettes VOD est constituée du prix TTC (Toutes Taxes Comprises) payé par les consommateurs, multiplié par les différentes quantités d’actes VOD qui leur sont vendues.

La TSV 

La T.S.Vune « taxe sur les ventes et les locations de vidéogrammes destinés à l’usage privé du public ». Cette taxe de 2% est assise sur le montant hors TVA du prix payé par le client.

La TVA

La TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) appliquée est au taux normal de 20%.

Les redevances pour Droits d’Auteurs 

Un léger pourcentage des recettes générées par la VOD est reversé aux Sociétés d’Auteurs telles que la SACD, la SACEM (à hauteur de 2,5%) ou encore la SDRM, sous forme de redevances. Ensuite, les Sociétés d’Auteur sont habilitées à verser des Droits d’Auteurs à leurs membres lorsque les œuvres de ceux-ci font l’objet d’une diffusion VOD. Au total, ces redevances représentent environ 4% du prix payé par le public.

Une fois ces taxes et redevances prélevées, on obtient le Prix Public HT, aussi appelé le Chiffre d’Affaires Brut HT. 

La Commission Plateforme 

La plateforme qui diffuse les programmes déduit sa commission du Chiffre d’Affaire Brut HT. On obtient ensuite le Chiffre d’Affaires Net Editeur HT (CA Net HT). Cette plateforme peut être : 

  • Une plateforme de FAI (Fournisseur d’Accès Internet) comme Bouygues, Orange, Free ou SFR.
  • Une plateforme de chaîne de télévision ( MyTF1, MyCanal, Arte+7…).
  • Ou encore un autre acteur, tel que Universciné ou lié iTUnes.

Sa commission varie entre 15% et 50% selon plusieurs paramètres, tels que l’ancienneté du film (des nouveautés, en passant par le catalogue, jusqu’aux films du patrimoine), sa notoriété, ainsi que les accords négociés entre la société de production (ou son mandataire) et la plateforme.

La Répartition du Chiffre d'Affaires Net Editeur HT

Une fois les taxes et la commission plateforme soustraits du Prix Public, on obtient le Chiffre d’Affaires Net Editeurs HT, base de la répartition entre la société de production et les investisseurs. Il représente environ 43% du Prix Public TCC. Ce chiffre d’affaires net Editeur Hors taxes est ensuite réparti de la manière :

La commission distributeur

La société mandataire de l’exploitation VOD du film prélève une commission de 10% à 35% en rémunération de son travail. Le mandataire est chargé de placer le film sur les différentes plateformes, fournir tout le matériel nécessaire à sa diffusion et collecter le fruit de l’exploitation des plateformes et établir les décomptes d’exploitation VOD à la société de production. 

Notons que, selon l’Accord sur la transparence de 2017, pour le calcul de l’amortissement du coût du film, les commissions du distributeur opposables aux ayants droits sur l’exploitation VOD sont les suivantes : 

30% jusqu’à 100 000 euros de CA net HT ; 

20% entre 101 000 et 200 000 euros de CA net HT ; 

15% au-delà de 201 000 euros de CA net HT. 

En pratique, ces taux ne sont que rarement repris dans des mandats d’exploitation VOD. 

Précisons encore que dans certains cas, la somme de la commission plateforme et de la commission du distributeur est plafonnée afin de donner une meilleure visibilité aux ayants-droits sur la recette nette qui leur sera in fine répartie. Dans ce cas de figure, le mandataire de l’exploitation VOD oppose à la société de production une commission plus élevée mais s’engage en contrepartie à prendre à sa charge la commission plateforme. 

Les recettes nettes 

Les recettes nettes de commission reviennent in fine à la société de production, après déduction éventuelle de petits frais techniques. Le budget d’un film incluant usuellement la production, un master répondant aux exigences techniques des diffuseurs, il n’y a normalement aucun frais à opposer aux ayants-droits. 

Aussi, c’est sur cette recette nette de commission que la société de production doit prélever la cotisation CNC. Elle est fixée à 0,58% des encaissements hors taxe sur la valeur ajoutée provenant de l’exploitation en France. Si la vente s’effectue pour plusieurs territoires dont la France (lorsqu’une plateforme SVOD acquiert les droits pour le monde entier), alors la cotisation CNC est de 0,55% sur le montant correspondant à la diffusion à l’étranger, et 0,58% sur le montant correspondant à la diffusion en France. 

Une fois d’éventuels frais et la cotisation CNC prélevés, on obtient les RNPP (Recettes Nettes Part Producteur). Ce sont ces recettes qui sont ensuite réparties entre les différents ayants-droits du film (Société de production, SOFICA, coproducteur.trice.s, auteur.trice.s interprètes s’ils.elles possèdent des parts du film…). 

Exemple de répartition

En prenant les paramètres suivants : 

  • Prix moyen de location à l’acte en 2020 qui est de 3,97 euros TTC ; 
  • Redevances auteurs 4% ; 
  • TSV 2% ; 
  • Commission plateforme 35% ;
  • Commission distributeur 15%. 

Comment estimer le potentiel de recettes VOD d'un film ?

Lorsqu’un investisseur évalue en amont le potentiel de recettes VOD d’un film, il multiplie la Recette Nette unitaire attendue (compte tenu des commissions et taxes prélevées), par la quantité d’actes de VOD estimée.

En reprenant la répartition ci-dessus, les Recettes Nettes représentent 1,71 euros en moyenne. 

Pour la quantité, on applique généralement un taux de transformation qui est le ratio entre le nombre d’actes VOD et le nombre d’entrée en salle de cinéma.

Le taux de transformation varie selon le genre du film, et il évolue avec le temps, c’est un outil peu précis.

On estime par exemple que sur un film d’horreur, le taux de transformation VOD peut être de l’ordre de 100%, c’est-à-dire que le film ferait autant de « clics » payants que d’entrées en salles. Sur une comédie populaire, on observe souvent des taux de transformation VOD de l’ordre de 10% alors qu’il peut être en dessous de 5% pour des films d’auteurs.

Exemple :

Un investisseur évalue le potentiel de recettes VOD d’une comédie, avec les paramètres suivants :

  • Recette Nette unitaire :                             1,71 €
  • Taux de transformation VOD :                11%
  • Nombre d’entrées en salles attendu :    700 000

        Potentiel de recettes VOD HT = 131 670 €

Quels sont les volumes de recettes générées par la VOD ?

Le marché de la vidéo s’est profondément transformé au cours des dix dernières années, en passant d’un marché dominé par la vidéo physique à un marché dominé par la vidéo dématérialisée. En 2020, la vidéo à la demande représente 84,0 % du marché de la vidéo (15,2 % en 2011), contre 16,0 % pour la vidéo physique (84,8 % en 2011). Le marché de la VOD à l’acte a bénéficié de la crise sanitaire. Les magasins étant fermés, les Français ont davantage loué ou acheté des œuvres audiovisuelles.

Le marché de la vidéo à la demande (VOD) en paiement à l’acte (location et vente) est en hausse de 7,3 % en 2020. Le volume de recettes générées est de 257,7 M€. La location représente 63,3 % du marché de la V0D en paiement en l’acte (66,6 % en 2019), contre 36,7 % pour la vente (33,4 % en 2019).

En 2020, le prix moyen d’une transaction de VOD s’établit à 3,97 € pour la location et à 9,51 € pour la vente. 80 800 références, dont près de 20 000 films, sont actives en V0D à l’acte (location et vente, hors programmes pour adultes). 

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