L’exploitation cinématographique d’un film désigne sa diffusion en salles de cinéma, en distinguant une exploitation dite « commerciale », d’une exploitation dite « non commerciale ».
Selon les définitions du Code du Cinéma et de l’Image Animée :
- « La diffusion commerciale s’entend comme toute activité professionnelle de diffusion d’œuvres audiovisuelle ou cinématographique sur un écran quel que soit le support dans un but lucratif. Cette activité est fortement réglementée, elle comprend la diffusion en salle de cinéma et parfois la diffusion itinérante. »
- « On entend par séance non-commerciale une séance, gratuite ou payante, qui échappe aux dispositions du contrôle des recettes. Les séances non-commerciales peuvent être organisées par différentes structures et dans différents lieux (associations, établissements scolaires, ciné-clubs, médiathèques etc.) en respectant certaines règles précises. »
L’exploitation commerciale représente la quasi-totalité des recettes de l’exploitation cinématographique. Elle est suivie précisément notamment par le CNC qui comptabilise chaque entrée réalisée par chaque film sur le territoire.
L’exploitation non commerciale ne donne pas lieu à une billetterie agréée par le CNC. Elle est plus difficile à suivre mais représente un faible enjeu économique.
Comment se répartit le prix d'un billet de cinéma ?
Le prix du billet varie beaucoup, de 4 euros pour une séance enfant en semaine, à 13 euros dans un multiplexe le vendredi soir. Mais c’est seulement une partie qui revient finalement à ceux qui ont financé le film. Entre taxes, rémunération de la salle de cinéma et recette distributeur, qui empoche l’argent de votre ticket de cinéma ?
Au bout de la chaîne, ce qui revient pour la répartition des financeurs et la rémunération des ayants droits, c’est la recette nette de commission distributeur, qui représente en moyenne environ 30% du prix Public TTC.
La TSA
La Taxe Spéciale Additionnelle, correspond à 10,72% de la recette guichet (= prix payé par le public).
Cette taxe est perçue par le CNC et participe au financement des travaux et investissements des salles de cinéma française.
A noter que si cette taxe est prélevée sur tous les tickets de cinéma, indépendamment de la nationalité du film, seules les sociétés de production basées en France bénéficient des aides du CNC. Ainsi, une petite partie des recettes des films étrangers est prélevée pour soutenir la production nationale.
La TVA
Sur le ticket de cinéma s’applique une TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) au taux réduit de 5, 5 % de la valeur Hors Taxe (versus 20 % sur les biens de consommation courante) dans les salles de cinéma en France métropolitaine, et au taux réduit de 2,1 % en Corse, Guadeloupe, Martinique et Réunion. Ramené au prix total d’un ticket, le taux de TVA s’élève à 5,21.
La SACEM
1,515% du prix hors TVA et hors TVA est reversé à la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique), un organisme à but non lucratif dont le mais est de gérer les droits d’auteurs. L’argent généré est redistribué aux auteurs et compositeurs membres. Pour être plus précis, le taux appliqué est de 1,515 % lorsque l’exploitant est adhérent et 2,02 % sinon. L’écrasante majorité des exploitants sont adhérents.
La répartition entre l’exploitant (la salle) et la société de distribution
Une fois les taxes prélevées, on applique sur le solde ce qu’on appelle le taux de location, qui correspond à la part de recette (hors taxes et hors part SACEM) que l’exploitation (la salle) doit reverser au distributeur au titre de la représentation publique du film dans sa salle.
Ce taux de location fait l’objet d’une négociation commerciale hebdomadaire entre exploitants et distributeurs pour chaque film et chaque salle. Il varie entre 30% et 50%, en fonction notamment du type de film (qualifié « art et essai » ou non, potentiel commercial…), de la salle de cinéma, du jour et de l’horaire de diffusion etc.
En 2020 le taux moyen de location était de 46,4%.
La commission distributeur
En moyenne, la société de distribution prend une commission de 15% à 30% sur la Recette Brute Distributeur HT.
Les Recettes Nettes
Les recettes nettes de commission reviennent in fine à la société de production, après déduction éventuelle de petits frais techniques. Le budget d’un film incluant usuellement la production, un master répondant aux exigences techniques des diffuseurs, il n’y a normalement aucun frai à opposer aux ayants-droits.
Aussi, c’est sur cette recette nette de commission que la société de production doit prélever la cotisation CNC. Elle est fixée à 0,58% des encaissements hors taxes sur la valeur ajoutée provenant de l’exploitation en France. Si la vente s’effectue pour plusieurs territoires, dont la France (lorsqu’une plateforme SVOD acquiert les droits pour le monde entier), alors la cotisation CNC est de à 0,55% sur le montant correspondant à la diffusion à l’étranger, et 0,58% sur le montant correspondant à la diffusion en France.
Une fois d’éventuels frais et la cotisation CNC prélevés, on obtient les RNPP (Recettes Nettes Part Producteur). C’est ces recettes qui sont ensuite réparties entre les différents ayants-droits du film (Société de production, SOFICA, Coproducteur.trice.s, auteur.trice.s interprètes s’ils.elles possèdent des parts du film,…).
Exemple de répartition
Appliqué au prix moyen du ticket de cinéma en 2020 qui est de 6,47 TTC, un ticket vendu en France Métropolitaine, avec un taux de location à 56,4%, se décompose ainsi :
Qu'appelle-t-on la Recette Brute Distributeur Unitaire ?
La recette brute unitaire, c’est la recette brute moyenne revenant au distributeur par ticket de cinéma. On l’obtient une fois l’exploitation en salle terminée en divisant la recette brute distributeur totale encaissée par le nombre d’entrées payantes enregistrées.
La recette brute distributeur varie sensiblement d’un ticket de cinéma à un autre puisqu’elle dépend :
- Du prix du ticket (la tarification varie d’un cinéma à l’autre et selon les séances)
- Du taux de location pratiqué
- Des cartes des réductions et d’abonnement du spectateur
- Des réductions périodiques (comme la fête du cinéma)
Si le public est composé essentiellement d’enfants bénéficiant de tarifs réduits, comme c’est le cas pour les films d’animation jeunesse, alors la RBD unitaire s’établira autour de 1,9 €.
En revanche, pour un film dont l’exploitation principale se fait en multiplexe pour un public adulte, la RBD unitaire sera d’environ 2,7 €
Pour un film d’auteur exploité principalement dans les réseaux art et essai, on observe statistiquement une RBD unitaire de l’ordre de 2,45 €.
Pourquoi la recette brute distributeur est importante pour un investisseur ?
C’est un paramètre clef pour le calcul de rentabilité d’un film. Afin d’estimer en amont de la production combien d’argent un film est susceptible de générer sur son exploitation en salles, l’investisseur multiplie la recette brute unitaire par le nombre d’entrées attendues selon différents scénarios. Par exemple, sur 200 000 entrées avec une RBD Unitaire de 2,5 euros, le film fera 500 000 euros de recettes.