Le recettes d’exploitation vidéographique physique (DVD et Bluray)

L’exploitation vidéographique physique d’un film consiste principalement en la vente de DVD et de Blu-ray. Elle est en constante diminution depuis l’année 2006 en raison de l’évolution des usages de consommation lié au développement d’internet. La location de DVD et de Blu-ray est quant à elle devenue non significative et ne sera pas traitée dans cet article. 

Comment se répartissent les recettes générées par les ventes de DVD et de blu-ray ?

La répartition du Prix Public d'un DVD ou d'un Blu-ray

La T.V.A

La TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) s’applique au marché de la vidéo physique à hauteur de 20% selon le Code Général des Impôts.

La T.C.A

La TCA est une taxe sur les ventes et les locations de vidéogrammes destinés à l’usage privé du public. Cette taxe de 2% est assise sur le montant hors TVA du prix payé par le client. 

Cette taxe est perçue par le CNC et participe au financement d’une part de ses frais de fonctionnement du CNC et d’autre part de l’ensemble des dispositifs d’aides mis en place par le CNC. 

La copie privée (voir notre article) 

La copie privée est une exception au droit d’auteur. Sous forme de licence légale, elle est supposée combiner liberté du consommateur et droits d’auteurs. En effet, chacun a le droit de copier une œuvre légalement acquise sur un support de visionnage dans le cadre privé. Mais ce droit existe en contrepartie d’une redevance, la copie privée, répartie entre les différentes sociétés d’auteurs. Elle s’applique à chaque achat de DVD, de smartphone ou encore de disque dur externe. Le montant de la copie privée varie selon la capacité d’enregistrement d’un appareil ou d’un disque. Pour un DVD, elle est de 0,90 euros.

La commission du distributeur physique

C’est la rémunération de l’intermédiaire chargé notamment de fabriquer les DVD et Blu-ray, de les stocker, de les placer dans les lieux de ventes (FNAC, Leclerc etc) et de récupérer les invendus.

La provision pour retour

C’est notamment lui qui prend en charge, avant de la refacturer ensuite, tous les DVD et Blu-ray placés dans un magasin lui sont facturés. Si toutes les unités sont vendues, le magasin est réapprovisionné. Mais si toutes les unités ne sont pas vendues après un certain délai, elles sont rendues par le magasin au distributeur physique, ce sont les retours.

Afin d’éviter les ruptures de stock, les distributeurs physiques ont tendance à fournir aux magasins plus d’unités que ce qui pourra être vendus, c’est pourquoi il y a dans la majorité des cas des retours.

Afin d’en tenir compte, une provision pour retour de 20% à 40% est retenue sur les ventes, et régulariser au cours des périodes suivantes en fonction des retours réellement enregistrés.

La répartition du Chiffre d'Affaires Editeur Hors Taxe

C’est ce qui revient in fine à l’Editeur vidéographique du Film, qui peut-être la société de production ou bien une société d’édition désigné par elle.

L’Editeur vidéographique est celui qui engage les frais de conception, de fabrication et de commercialisation (marketing) des DVD et Blu-ray.

Il est chargé également de redistribuer les recettes résultantes (les RNPP = recettes nettes part producteur) à la société de production et aux investisseurs.

Pour cela deux modèles différents sont usités : le système de commission et le système de royautés.

Le système de commission

Calqué sur le système appliqué pour l’exploitation en salle, l’Editeur :

  • Prélève une commission Editeur  qui varie entre 10% et 30% du CA Net Editeur HT selon les négociations et les volumes de ventes
  • Déduit la cotisation CNC (0,58%)
  • Et récupère sur le solde ses frais de conception, fabrication et commercialisation au réel

Une fois ces frais récupérés, les recettes nettes de commission Editeur et de cotisation CNC constituent les RNPP qui sont réparties entre la société de production et les investisseurs. 

 
Le système de royautés

Dans le système de royautés, l’Editeur s’engage à reverser à la société de production et aux investisseurs un pourcentage du CA net Editeur HT, compris entre 15% et 35% selon les négociations, le type d’exploitation (nouveautés, catalogue, patrimoine).

Il fait son affaire de la récupération de ses frais et de sa rémunération sur la part qui lui reste.

Concrètement le système de commission est plus intéressant pour les ayants-droits en cas de succès, à condition de bien plafonner et surveiller les frais engagés. Le système de royautés est plus simple mais moins transparent et moins intéressant pour les ayants droits en cas de performance commerciale.

Un exemple de répartition

En 2021, le prix moyen de vente TTC d’un DVD de catalogue est de 14,22 euros. Mettons que : 

  • Suivant un système de royauté, l’éditeur physique prend une commission de 30% sur le Chiffre d’Affaires Hors Taxe ; 
  • Le distributeur physique se rémunère en prenant un commission de 12% sur le Prix Public Hors Taxe. 

Estimation du potentiel de chiffre d'affaires

Lorsqu’un investisseur évalue en amont le potentiel de recettes DVD d’un film, il multiplie la Recette Nette unitaire attendu (compte tenu des commissions et taxes prélevées), par la quantité d’actes de VOD estimée.

En reprenant la répartition ci-dessus, la Recette Nette Unitaire est de 6,17€.

Pour la quantité, on applique généralement un taux de transformation qui est le ratio entre le nombre d’achat de DVD et le nombre d’entrée en salle de cinéma.

Le taux de transformation varie selon le genre du film, et il évolue avec le temps, c’est un outil peu précis.

On estime par exemple que sur une comédie française, le taux de transformation DVD peut être de l’ordre de 3%. Sur un film fantastique populaire, le taux moyen de transformation peut atteindre 10%. 

Exemple :

Un investisseur évalue le potentiel de recettes DVD d’une comédie, avec les paramètres suivants :

  • CA Net Editeur HT unitaire :                  6,17 €
  • Taux de transformation VOD :              3 %
  • Nombre d’entrées en salles attendu :   700 000

Potentiel de recettes DVD HT attendu : 129 570 €

 

Quels sont les volumes de recettes DVD/Bluray ?

En 2020, les ventes (toutes taxes comprises) de DVD et de Blu-ray enregistrent une baisse de 27,2% et s’établissent à 296,2 millions. 

En 10 ans, les recettes de la vidéo physique ont été divisées par 4 et ne représentent plus que 16% du marché global de la vidéo en 2020. Le DVD reste toutefois dominant et capte 69,9% du marché de la vidéo physique. Pourtant, le prix de vente moyen d’un DVD s’élève à 13,48 euros alors que celui du Blu-ray à 13,26 euros. 

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